Quelles sont les différences et similitudes entre les PME allemandes et françaises ?
Les petites et moyennes entreprises allemandes se caractérisent par leur taille et leur attitude ouverte à l’égard de la mondialisation. En France, les PME se concentrent habituellement sur le marché local. Les grandes entreprises sont généralement des acteurs importants sur le marché international. L’éclairage d’Edouard d’Espalungue d’Arros.
Comme l’ensemble de l’économie allemande, ses PME ont une forte perspective internationale. L’Allemagne compte la plupart des grandes PME industrielles, qui sont habituellement tournées vers l’exportation.
Edouard d’Espalungue d’Arros : “Les Mittelstand sont la colonne vertébrale de l’économie d’outre-Rhin”
De nombreux facteurs clés expliquent la vitalité et la force d’exportation des PME, également appelées Mittelstand, incontestables piliers de l’économie d’outre-Rhin.
Prendre pour exemple le modèle allemand et son indéniable succès économique est plus que jamais d’actualité tant ses performances sont enviables en temps de crise.
Les Mittelstand ont su tirer parti de la mondialisation et l’ont rapidement intégré. Ainsi, ont-elles non seulement pu faire valoir de nouvelles ouvertures internationales, en particulier dans les marchés émergents pour exporter leurs produits, mais elles ont également su faire la différence entre la R&D et la fabrication de produits haut de gamme en conservant leur siège en Allemagne et en délocalisant les produits à faible valeur ajoutée.
C’est particulièrement cette capacité à évoluer sans cesse qui distingue les PME allemandes des autres. Avec une stratégie de spécialisation, les Mittelstand réussissent à s’imposer comme leaders sur le marché sans pour autant être internationalement connues. Elles se spécialisent dans les produits haut de gamme qui génèrent des marges importantes et leur permettent d’innover davantage et d’améliorer leurs produits de manière constante.
Edouard d’espalungue : “Boostons nos PME françaises !”
Selon Eurostat, la France compte près de 2.9 millions d’entreprise ; devant l’Allemagne qui en compte 2.4 millions. Les PME sont prédominantes en France alors qu’en Allemagne les entreprises allant jusqu’à 250 salariés sont surreprésentées.
En termes de productivité, la France est un pays à la main-d’œuvre particulièrement productive, avec 99 543 $ en 2016, et le 4e rang en Europe, après l’Irlande, la Belgique et la Suède, mais devant l’Allemagne (92 003$).
En France, les grandes entreprises sont connues pour exceller à l’international. Néanmoins les PME ne sont pas à négliger ; l’entreprise familiale Radiall par exemple, fondée en 1952, ne fabriquait initialement que des connecteurs coaxiaux pour l’industrie de la télévision. Aujourd’hui, elle produit des équipements électroniques pour plusieurs secteurs et dispose de sites de vente ou de production un peu partout. Un exemple parmi tant d’autres qui atteste de la productivité française.
Edouard d’Espalungue d’Arros : “Les PME françaises devraient s’inspirer des Mittelstand allemandes ”
Les entreprises allemandes sont hiérarchisées autour du modèle Mittelstand, un ensemble de PME et de “champions cachés”, nom qui représente les entreprises spécialisées dans un domaine, très peu connues mais qui détiennent une position conséquente sur le marché mondial. Cette tradition de business familial est capable de faire vivre toute une ville.
A contrario, la France se caractérise par un pouvoir centralisé, marqué par de grandes structures, et proche des institutions du pouvoir politique et économique. Dans cet environnement, il est difficile pour les petites entreprises de passer au niveau supérieur de croissance.
Ainsi, l’absence de classe moyenne dans les entreprises françaises, notamment le manque d’entreprises intermédiaires à l’export a amené les plus grandes entreprises nationales à canaliser une grande partie de l’économie.
Cette différence entre la France et l’Allemagne doit être résolue en reformulant des politiques industrielles ambitieuses. Dans ce contexte, il est nécessaire de redéfinir la relation entre grands groupes et sous-traitants. Les plans d’investissements à grande échelle doivent inclure une plus grande valeur ajoutée dans des domaines tels que la transition énergétique et la révolution numérique, notamment dans la robotique et l’automatisation.
L’entrepreneuriat, de plus en plus populaire en France
En 2019, le nombre de nouvelles entreprises a augmenté de +18%, 124 000 de plus que l’année précédente. Quant aux cessions d’entreprises, elles sont toujours orientées à la baisse, alors que le taux de faillite est tombé à un niveau jamais atteint depuis 2007. En raison du ralentissement des activités en France, le taux de croissance du chiffre d’affaires des PME est inférieur à celui de 2018, et les exportations sont également moins actives. Cependant, leurs marges bénéficiaires et leurs taux d’investissement augmentent, et leur poids dans les marchés publics augmente également.
Les conditions de financement propices à l’investissement
Les activités de capital-investissement français ont augmenté pour la quatrième année de suite, établissant un record, confirmant ainsi sa position sur le podium européen. Dans le même temps, les conditions de crédit en France restent très favorables aux entreprises et les taux d’intérêt sont parmi les plus bas au monde.
L’innovation et le R&D
En 2018, les PME françaises représentaient les trois quarts des entreprises ayant mené des activités de R-D internes et employaient un quart du personnel de R-D. Elles sont également les principales bénéficiaires du crédit d’impôt recherche, et détiennent un cinquième des brevets provenant des entreprises en 2019. Au cours des 20 dernières années, plus de 4 300 entreprises innovantes ont été créées au travers de concours i-Lab ou d’incubateurs publics de recherche. Depuis sa création il y a 15 ans, plus de 10 700 entreprises ont bénéficié des exonérations sociales et fiscales du Programme Jeunes Entreprises Innovantes.
Edouard d’espalungue : “En 2022, copions l’Allemagne !”
2022 pourrait être l’occasion pour une nouvelle majorité en France de conduire les réformes allemandes enclenchées il y a 10 ans. On se souvient en effet qu’un des principaux chantiers du chancelier Schröder fut de mener une politique économique qui donne les moyens d’un redéploiement national et international aux entrepreneurs, notamment à ces petites et moyennes entreprises qui constituent la colonne vertébrale de l’économie allemande.
Pour cela, il engagea une réforme fiscale destinée à alléger le fardeau qui pèse sur les entreprises – et, dans une moindre mesure, sur les particuliers. Le gouvernement mit en place la baisse des taux d’imposition des entreprises et la diminution progressive de l’impôt sur le revenu des particuliers, le financement partiel des cotisations sociales par l’introduction d’une taxe écologique, et la maîtrise des dépenses de santé. et s la France s’inspirait dans les faits du modèle allemand ?
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